Le siècle présent est marqué par une prise de conscience sur les ravages du réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité. Résolues à ne pas rester inactifs, de plus en plus de personnes décident de protéger les espèces menacées de disparition et l’environnement. Ainsi, l’apiculture de loisir connaît un regain d’intérêt depuis quelques années. Car l’apiculteur amateur peut contribuer à sauver les abeilles mellifères. Mais est-ce l’apiculture de loisir à la portée de tous ? Et quelles sont les pratiques apicoles qui peuvent faire davantage de mal que du bien ?
Pourquoi les abeilles sont-elles menacées de disparition ?
Les abeilles sont des insectes sociaux qui peuplent l’Europe, l’Afrique et l’Asie occidentale depuis un million d’années. Nommées Apis mellifera par les scientifiques, elles se sont adaptées pour survivre sous des conditions environnementales diverses. L’être humain qui profite de leur miel les a introduit partout dans le monde. Elles sont actuellement présentes aussi bien dans les jungles équatoriale que les forêts boréales.
En butinant les fleurs d’innombrables espèces, les abeilles assurent la fonction de pollinisation. On parle de service écosystémique. C’est grâce aux abeilles – et d’autres pollinisateurs – que des arbres, des arbustes et d’autres végétaux sauvages peuvent produire leurs graines. Et au final, les écosystèmes dépendent des abeilles pour conserver un haut niveau de biodiversité.
L’être humain a aussi besoin des abeilles. Car plus de la moitié des plantes dont il s’alimente sont pollinisées par ces Hyménoptères. On s’aperçoit que partout où les abeilles se raréfient, les rendements des vergers et des potagers diminuent. Certaines régions de monde n’ont plus d’abeilles et les champs doivent être pollinisés mécaniquement pour continuer à produire.
Les abeilles sont de plus en plus souvent menacées de disparition. C’est une conséquence des activités humaines. Voici les principales menaces qui pèsent sur ces insectes :
- Usage des pesticides
- Dégradation des milieux sauvages
- Réchauffement climatique
- Introduction de prédateurs et de parasites
Nous allons expliquer plus en détail l’origine de ces menaces et les dégâts qu’elles provoquent sur les abeilles mellifères.
Usage des pesticides
L’usage des pesticides est le problème le plus important que rencontrent les abeilles mellifères. L’agriculture conventionnelle en consomme une grande quantité pour protéger les cultures des ravageurs. Certaines substances persistent au sein du végétal et se retrouvent finalement dans le nectar des fleurs. Les abeilles qui visitent les fleurs contaminées rapportent le nectar toxique jusqu’à leur colonie. Une mortalité importante en résulte et les butineuses qui survivent à cet empoisonnement sont moins productives.
L’utilisation des pesticides dépasse aussi le secteur agricole. On oublie souvent que les particuliers les utilisent très souvent pour lutter contre les insectes qui s’attaquent à leurs plantes d’ornement ou potagères.
Les produits phytosanitaires sont employés parfois en surdosage et parfois sur des plantes en floraison. Il est donc important de limiter autant que possible l’utilisation des pesticides dans son jardin ou sur son balcon.
Bien souvent, il est tout aussi efficace de se débarrasser d’insectes indésirables en coupant une branche infestée ou en la nettoyant avec le jet d’un tuyau d’arrosage. Et les prédateurs naturellement présents dans un jardin s’occuperont de limiter les dégâts.
Dégradation des milieux sauvages
La population humaine ne cesse d’augmenter. Les nouveaux habitants de notre planète doivent être nourris, logés et divertis. Les espaces sauvages sont utilisés pour être remplacés par des exploitations agricoles, des routes, des industries et des villes. Ces territoires naturels se réduisent et se morcellent.
Les abeilles – comme tous les animaux qui peuplent les écosystèmes – sont impactées par la dégradation des milieux sauvages. Elles ne trouvent plus autant de ressources de qualité et les colonies peuvent souffrir de la famine ou des carences alimentaires. Parfois, les apiculteurs doivent nourrir leurs colonies pour que celles-ci ne meurent pas de faim.
Réchauffement climatique
La déforestation et le dégagement des gaz à effet de serre sont responsables d’un réchauffement climatique. Ce phénomène est global et personne n’y échappe. Il se manifeste par des événements climatiques spectaculaires de plus en plus fréquents. Les périodes de canicule sont plus fréquentes, plus intenses et plus longues en été. Des orages particulièrement forts sont responsables d’inondations. Des gelées tardives détruisent les bourgeons et limitent les floraisons.
Les abeilles ont connu des changements climatiques durant leur évolution et elles sont capables de survivre à des fluctuations importantes. Mais il est probable que beaucoup de colonies disparaîtront si la végétation naturelle vient à souffrir.
Introduction de prédateurs et de parasites
Les échanges de colonies d’abeilles d’un pays à un autre et plus largement le commerce international sont à l’origine d’introductions d’espèces dangereuses pour les abeilles. C’est le cas d’un acarien que l’on nomme le varroa, arrivé en 1982 en France. Et en 2004, du frelon asiatique qui est maintenant présent sur la plus grande partie du pays.
Ces deux espèces causent aujourd’hui des dégâts très importants dans les ruchers. Et l’apiculture n’est possible que si des actions de lutte sont mises en place. L’apiculteur doit parfaitement comprendre le comportement des parasites pour s’opposer à leur progression.
Depuis que le varroa est présent, les colonies sauvages sont très rares. Il est probable que la survie future des abeilles mellifères dépend essentiellement du travail des apiculteurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs.
L’apiculture est-elle toujours écologique ?
Pour venir en aide aux abeilles et ainsi protéger la biodiversité, la pratique de l’apiculture devient une évidence. Toutefois, on s’aperçoit que certains choix en apiculture ne sont pas favorables à la survie des abeilles. C’est notamment le cas des pratiques issues de l’apiculture intensive.
Métissage des abeilles et disparition des lignées locales
L’une des pratiques apicoles les plus dommageables est le métissage des sous-espèces d’Apis mellifera et la sélection des lignées d’abeilles. Comme tous les animaux d’élevage, les abeilles sont sélectionnées pour produire davantage de miel ou pour que leurs colonies essaiment moins souvent. Ce qui semble compréhensible pour l’apiculture professionnelle est beaucoup moins justifiable pour une activité de loisir.
Ainsi, les abeilles mellifères locales ont progressivement cédé leur place à des races productives comme l’abeille Buckfast. Mais ces abeilles sélectionnées pour leur capacité à produire davantage de miel sont souvent plus sensibles aux maladies et aux aléas climatiques. Sans la surveillance constante des apiculteurs, ces colonies d’abeilles s’affaiblissent. Elles peuvent s’effondrer si elles ne reçoivent pas d’alimentation complémentaire en hiver.
Heureusement, il existe encore des apiculteurs qui conservent des lignées locales d’abeilles. Ces éleveurs passionnés sont rassemblés dans des réseaux comme la Fédération européenne des conservatoires de l’abeille noire, la FEDCAN.
Mais d’autres groupements associatifs indépendants travaillent au retour des abeilles locales dans les ruches des amateurs et des professionnels. Et il est tout à fait possible pour un néophyte de s’impliquer à la préservation de ce patrimoine naturel au sein de l’une de ces organisations.
L’abeille noire qui est indigène en France est parfois plus nerveuse que les races sélectionnées. Il faut la manipuler avec plus de précautions et savoir garder son calme. La vidéo suivante présente l’ouverture d’une ruche qui contient une colonie d’abeilles noires.
Surpopulation apicole
Il existe en France pas moins de 70.000 apiculteurs. La plupart sont des passionnés qui gardent moins d’une dizaine de ruches dans leur jardin ou sur un terrain qui leur est prêté. Les apiculteurs professionnels – qui fournissent environ 40.000 tonnes de miel au marché national – sont minoritaires. Tous ces apiculteurs s’occupent de plus d’un million et demi de ruches !
Dans certaines zones, le nombre de ruches est trop important. Et les pollinisateurs sauvages – comme les papillons, les abeilles solitaires,… – subissent une trop forte concurrence. Les prairies et les forêts surexploitées par les abeilles des apiculteurs ne peuvent plus nourrir tous les insectes. Cette accaparation des ressources alimentaires menace les espèces les plus rares et bouleverse l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Cette surpopulation se remarque même en ville. Pour Paris, pas moins de 3000 ruches sont déclarées par les apiculteurs citadins. Et les biologistes remarquent la disparition de plusieurs espèces de papillons qui fréquentaient auparavant les parcs, les squares et les fleurs des balcons parisiens.
Pour résumer
Si vous souhaitez venir en aide aux abeilles et à la biodiversité, vous devez au préalable vous informer sur les actions menées à proximité de chez vous. Existe-t-il un conservatoire de l’abeille noire ? Si oui, est-il géré par une association qui a besoin d’aide ? Les conservatoires ont pour mission de protéger des lignées d’abeilles, de les multiplier et de les diffuser auprès d’apiculteurs volontaires. Vous pourriez à l’avenir accueillir quelques colonies dans votre jardin et contribuer à la protection des abeilles locales.
Mais avant de constituer un rucher et de goûter aux joies de l’apiculture, vous devez vous former au préalable. Les abeilles sont des insectes piqueurs qui peuvent être potentiellement dangereux. Il est donc important de vous former avant d’acquérir vos premières ruches. Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l’article suivant “comment devenir apiculteur amateur”.
Nous espérons que cette lecture vous aura apporté des éléments nouveaux pour mieux comprendre la situation des abeilles mellifères en France. Nous vous remercions pour le temps que vous y avez consacré. N’hésitez pas à le partager sur les réseaux sociaux. Vous participerez à la protection des abeilles. Merci par avance et à bientôt.